Les 7 Sens - Liena Doris

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3 - Par où Je Suis Passée - Lisa - Suicide

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Acceptation

 

Suicide

 

Le Choix !

 

Sujet épineux, alors, je ne vais parler que de mon expérience. Et, seulement la mienne. En aucun cas, cela concerne toutes les personnes en dépression et/ou qui y pense. En aucun cas, cela concerne ceux qui malheureusement on fait le dernier pas. En aucun cas cela concerne les personnes qui s'en veulent de ne pas avoir su, vu, lu, entendu, senti les appels au secours.

 

Ce n'est que mon histoire, mon expérience et ce que j'en pense.

 

D'ailleurs, j'ai tué. Je n'ai pas fait de tentative de suicide, je n'ai pas fait de suicide... Mais, j'ai tué quelqu'un, oui. Oui, j'ai poussé une personne dans le vide. Mais, c'est celle qui n'était pas moi, c'était celle qui était entravée par les chaines de son enfance. J'ai tué D.  (Voir #MesBlessuresInvisibles)

 

Quand je me suis retrouvée sur ma fenêtre, j'avais deux choix. La vie m'imposait deux choix. Mourir. Parce que D. aurait gagné. Parce que le poids de mon passé m'aurait fait basculer. Parce que l'inconfiance que ma mère avait fait rentrer, en moi, à coup de claque dans la gueule, aurait gagné, que je me serais senti incapable de surmonter tout ce qu'il m'attendait si L gagné.

 

C'est d'ailleurs ce que j'ai dis à ma mère, la dernière fois que je l'ai eu au téléphone, il y a un an et demi maintenant... "Vous n'avez plus de fille, elle s'est suicidée à cause de vous et de tout le mal que vous lui avez infligé dans son enfance."

 

Réponse de ma mère : "Mais, enfin, je suis une mère parfaite, si mon enfant s'était suicidée, ce n'était qu'à cause de son incapacité mentale."

 

Sauf que cette phrase qui me faisait tant mal dans mon enfance, ne m'a fait aucun effet. J'en ai même ris. Bien plus qu'après 10 ans d'absence, elle me dise : "Arrête tes conneries, maintenant, et rentres à la maison !" Ho ! Mère, j'ai 45 ans...

 

Le second choix qui s'offrait à moi était de me jeter dans le vide et/ou de m'accrocher aux branches de L. De cette personne que je savais tapis au fond de moi depuis ma naissance, celle qui m'avait aidé à surmonter les épreuves au moment où elles se déroulaient. Celle qui m'avait dit à chaque coup reçu : "Tu vaux mieux que ça, courbe l'échine, et laisse passer, ton jour viendra !"

 

Compliqué choix.

 

Parce que lorsqu'on parle de confiance... Il faut déjà avoir appris ce que c'est... Avoir la confiance en quelque chose ou quelqu'un. Il ne faut par exemple, jamais avoir été déçu... Mes parents m'ont déçu, mes amis m'ont déçu, ma famille m'a déçu, et même Dieu m'a déçu. (Ma mère a souhaité m'éduquer sans religion, mais comme elle en était atteinte pendant son enfance, et qu'elle n'a rien trouvé de mieux que de me mettre en pension "chez les bonnes soeurs"... J'en connaissais deux trois trucs, quand même...)

 

Sur ma fenêtre, je ne pouvais avoir aucune confiance en D, et une confiance limité en L, de par sa méconnaissance.

 

Compliqué, hein ? Perdre, s'accrocher... Mais, après ?

 

Non, parce que mourir, d'accord. Quoique nous pensions de la vie après la mort, la personne n'est plus là. Point. Ce qu'elle pourrait penser n'est qu'une extrapolation de nos peurs ou de nos envies.

 

Une fois, morte, je me fou un peu, voir royalement de toutes ses personnes qui peut-être s'apercevront de leur tort... Et, encore, ce n'est même pas certain... Sans parler que je ne puisse entendre leur remords, leur excuses et qui ne rassurera qu'eux.

 

Si, je choisissais L... Je partais avec un petit bagage, mais pas le code secret pour l'ouvrir. C'est un peu comme sauter en parachute en ayant un doute sur le parachute... Vous le feriez-vous le saut ? Ben voilà...

 

J'avais donc le choix de sauter vers ma nouvelle vie. Soit, je m'écrasais comme une merde, soit... Mon parachute s'ouvrait... peut-être...

 

Et, je vous repose la question ? Que faites-vous ?

Vous n'avez pas envie de tenter, hein ? Moi, non plus.

 

Mais, que faire ? Parce que je ne voyais que ces deux choix, même ma psychologue me disait que ce n'était que ces deux choix là. Enfin, elle ne me disait pas de sauter pour m'écraser dans le vide, mais de sauter en espérant que le parachute s'ouvre, que je pouvais avoir confiance... Pouvais... Possible... C'est là que j'ai lancé la procédure pour le changement de prénom. Voyons voir si je pouvais avoir confiance en moi, comme le disait ma psy.

 

Raté. Certes, pas entièrement de ma faute, j'ai quand même eu à faire avec un sexiste, doublé d'un homophobe, en tant qu'officier d'état civil... Mais, cela n'a pas arrangé la confiance que je pouvais avoir en L...

 

Et, un jour, j'en ai eu ras le bol. Pourquoi faire le choix entre les deux ? De toute façon, je n'avais plus personne autour de moi. Je n'avais pas de travail, puisque j'étais partie de Paris dans l'intention de créer le mien.

 

Et, si je n'avais pas que ces deux choix-là ? Si, je pouvais m'en créer un troisième ?

Devenir qui je voulais !

Je n'étais pas plus conne qu'un autre, mon vécu me l'avait prouvé, même si je ne voulais le voir, ni même l'entendre à ce moment là.

J'avais plusieurs métiers entre mes mains, ce qui me permettait, quoi que je décide, de retomber sur mes pieds.

 

Si, je poussais mes deux choix par la fenêtre, et que je devenais mon troisième choix ?

N'ayant personne autour de moi, je ne causerai de mal à personne, et personne ne me balancerait : "Tu as changé tu sais, je t'aime beaucoup moins"

 

Parce que peu à peu, je ne devenais plus le miroir de leur maux. Parce que peu à peu, tout ce qui nous juge pour se rassurer, se retrouverait face à une personne qui leur répondrait qu'elle se trompe. J'avais déjà perdu tout le monde.

 

 

Tout était là pour que je devienne qui je voulais ! Comme je le voulais !

 

Et, c'est l'unique raison pour laquelle, je n'ai pas sauté. C'est l'unique raison pour laquelle je suis là aujourd'hui et raconte mon histoire.

 

Parce que j'ai fait LE CHOIX, comme dirait Néo dans Matrix.

 

 

 J'ai fait le choix d'Être au lieu de vivre, survivre.

 

 

Et, ce choix là, bien que compliqué à faire et aussi le plus merveilleux à parcourir ! Aujourd'hui, j'en serais presque à dire qu'importe le but, tellement ce chemin là est merveilleux et m'anime chaque jour !

 

Qu'importe la personne que je serais à ma mort, tant que la joie de tout ce que je vis en ce moment est... à la limite du magique. C'est magique ! Et, c'est surtout réel !

 

Et, pourtant, je n'ai toujours pas d'emploi, je n'ai pas de "vrais" amis, mais quelques connaissances de confiance. Je n'ai pas d'amour, bien que mon coeur soit plein ! Et, bien évidemment, je ne parle pas de la famille qui est et restera chez les abonnés absent. A moins que ce soit moi, finalement, la personne qu'ils connaissaient est morte. C'est à d'eux d'adapter leurs yeux à celle que je suis devenue, et pas à moi de faire le chemin à l'envers pour les satisfaire. J'ai mis trop de temps à me trouver pour ça ! Et, en grande partie à cause d'eux... Alors, hein !

 

A eux de faire le travail maintenant !

 

Pour moi, le suicide a été salvateur, enfin, surtout le fait que toutes les conditions étaient réunis pour que le troisième choix apparaisse, et que du coup, je ne saute pas. Je ne fasse pas ce dernier geste.

Et, je ne peux m'empêcher de penser que certains suicides sont liés à ce même sentiment. Cette même dualité... Le choix entre rester la personne qui souffre et voir la personne qui ne souffre pas, et de n'avoir aucune idée de comment l'atteindre, ou que le fait de l'atteindre nous fasse perdre tout ce que nous avons aujourd'hui...

Parce qu'il est évident que le dernier geste, il est surtout à cause de l'entourage, qui refuse de voir. D'entendre. De Sentir. De comprendre...

Ce n'est pas un abandon de la vie par faiblesse, mais parce que le poids de notre vie imposée par les autres est trop lourd.

 

J'ai eu la chance d'avoir ce troisième choix. Bien que je ne crois pas en la chance, je suis tout à fait consciente que ma vie n'a tenue qu'à un fil, et que ce fil, m'a juste permis de voir que je pouvais devenir qui je voulais. Je n'avais qu'une seule chose à faire, me reconstruire selon mes propres envies et devenir quelqu'un d'autre que D et L.

 

Devenir quelqu'un d'autre. Oui. Mais qui ?

 

 

(Re)Construction.

 

@LienaDoris.



17/09/2019
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